La migration des réfugiés grecs d’Asie Mineure en Grèce (1919-1923) et la mémoire des “patries perdues”

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Kiriakos Papoulidis

Abstract

A la suite du désastre d’Asie Mineure (1922) et du Traité de Lausanne
(1923) instaurant l’Echange greco-turque des populations, environ 1.300.000-
1.500.000 million réfugiés chrétiens d’origine grecque ont dû abandonner leurs
terres natales en Asie Mineure, au Pont, en Cappadoce et en Thrace Orientale pour s’installer en Grèce, sur le territoire de l’État-nation, qui était
devenu exclusivement balkanique et archi-pélagique. La disparation (déracinement, exil, déportations) de la présence grecque en Anatolie constitua une défaite de l’Hellénisme ainsi que la fin du projet politique de la Megali Idea. Au contraire l’installation de ces réfugiés dans les nouvelles provinces du pays (Macédoine, Thrace, Epire) permit à l’État grec de lancer, à travers ce flux migratoire qui constituait une arme démographique, le processus de nationalisation de son territoire (voire hellénisation) dans une perspective d’homogénéisation aux dépens des autres populations (slavophones, albanophones, turcophones) qui se plaignirent d’une politique systématique d’assimilation par l’interdiction de leurs langues respectives. Toutefois l’intégration de ces populations anatoliennes à leurs “nouvelles patries» passe par la mise en place d’une iconographie, c’est-à-dire d’un systè­ me des symboles (drapeaux, nomenclature toponymique, monuments de commémoration, sites religieux, souvenirs historiques) auxquels “la population de la région considérée a foi” et qui consituent “le nœud gardien de la communauté nationale” selon Jean Gottmann.

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